• Petite visite de courtoisie

    PETITE VISITE DE COURTOISIE

    Une pièce de Jean Néralboldésangliers
     

    Acteurs : Un agriculteur cévenol, deux gardes-chasse, deux gendarmes, deux chasseurs.
     

    Acte 1 et unique - Scène 1 et unique


    L'Agriculteur travaille en tracteur dans ses vignes. Une cohorte composée des deux gardes-chasse, des deux gendarmes et des deux chasseurs s'approche. L'agriculteur descend de son tracteur.

    L'AGRICULTEUR : Bonjour Messieurs

    LE GARDE-CHASSE 1 : Bonjour Monsieur

    LE GARDE-CHASSE 2 : Bonjour

    LE GENDARME 1 : Bonjour

    LE GENDARME 2 : Bonjour

    LE CHASSEUR 1 : Bonjour

    LE CHASSEUR 2 : Bonjour

    LE GARDE-CHASSE 1 : Je me présente Monsieur Gardebien, garde-chasse de ce territoire. A qui ai je l'honneur?

    L'AGRICULTEUR : Monsieur Travailledur

    LE GARDE-CHASSE 1: Monsieur Travailledur. Ha mais vous êtes connu! On parle de vous  dans  les journaux, sur Internet…

    L'AGRICULTEUR : Si vous le dites

    Le Chasseur 1 et le Chasseur 2 montrent aux gardes-chasse et aux gendarmes quelques poignées de maïs jetées au sol.

    LE GARDE-CHASSE 1 (à l'Agriculteur) : C'est du maïs.

    L'AGRICULTEUR : Oui c'est du maïs!

    LE GARDE-CHASSE 1: Ce sont vos terres ici?

    L'AGRICULTEUR : Oui

    LE GARDE-CHASSE 1 : Vous savez qui aurait pu fréquenter vos terres pour y mettre ce maïs?

    L'AGRICULTEUR : Qui a mis ce maïs? Mais je vais vous le dire tout de suite : c'est moi!

    LE GARDE-CHASSE 1 (visiblement peu habitué à ce genre de déclaration): Et pourquoi vous avez fait ça?

    L'AGRICULTEUR : Pour attirer les sangliers et les tuer!

    LE GARDE-CHASSE 1 (cette fois complétement désappointé) : Monsieur c'est interdit de faire ça. Je vais vous verbaliser.

    L'AGRICULTEUR : Verbalisez moi.

    LE CHASSEUR 1 : C'est nous qui avons signalé ce maïs aux gardes pour que l'on ne pense pas que c'est nous qui l'avons mis.

    L'AGRICULTEUR : Je comprends…

    LE GARDE-CHASSE 1 : Monsieur vous ne croyez pas qu'il vaudrait mieux agir en bonne entente avec les chasseurs de la communes. Il font tout leur possible pour régler le problème du sanglier.

    L'AGRICULTEUR : Je suis entièrement d'accord avec vous. Les chasseurs font le maximum pour régler le problème. Mais ça ne suffit pas puisque je suis obligé d'entretenir un kilomètre de clôtures électriques pour protéger mes cultures.

    LE GARDE-CHASSE 2 : Les clôtures ne sont pas toujours efficaces.

    L'AGRICULTEUR : Je suis encore entièrement d'accord avec vous! L'année dernière, alors que mes cultures de légumes étaient entièrement clôturées, les sangliers sont rentrés et ont causés pour plus de 1 000 € de dégâts.

    LE GENDARME 1 : Tout le monde est concerné. Moi aussi j'ai des terres et les sangliers me causent des dégâts. Il faut l'accepter et faire avec.

    L'AGRICULTEUR : Monsieur, si vous êtes là en uniforme c'est que l'agriculture ne doit pas être votre gagne pain! Que diriez vous si tous les matins un petit malin s'amusait a dégonfler les pneus de la voiture qui vous sert à aller au travail?

    LE GARDE-CHASSE 1 : En mettant du maïs vous faites venir les sangliers.

    L'AGRICULTEUR : Je n'ai pas besoin de les faire venir. Ils sont déjà là. Regardez les sillons de vignes ils sont complètement défoncés. Tant qu'ils défoncent le sol dans les vignes ça ne me dérange pas trop mais avant qu'ils viennent dans les légumes je préfère les faire venir à ce point précis avec un peu de maïs et les tuer. Je défends mon travail.

    LE GARDE-CHASSE 1 : Si je vous verbalise on va en parler dans la presse.

    L'AGRICULTEUR : Ce n'est pas a moi de vous dire ce que vous avez à faire.

    LE GARDE-CHASSE 1 : Plutôt que d'en venir là vous devriez appeler les chasseurs de la commune dès que vous avez des problèmes avec les sangliers.

    L'AGRICULTEUR : Certains chasseurs de la commune m'ont frappé l'année dernière. Ils ne sont jamais venu s'excuser. Vous comprenez bien que la confiance est rompue. Maintenant je préfère traiter directement avec les services de l'État.

    Silence

    L'AGRICULTEUR (voyant ce petit monde finalement plutôt embarrassé de se trouver là) : Messieurs si vous n'avez pas mieux à me dire je vais reprendre mon travail. Au revoir.

    LE GARDE-CHASSE 1: Au revoir

    LE GARDE-CHASSE 2 : Au revoir

    LE GENDARME 1 : Au revoir

    LE GENDARME 2 : Au revoir

    LE CHASSEUR 1 : Au revoir

    LE CHASSEUR 2 : Au revoir

    L'Agriculteur remonte sur son tracteur et reprend son travail. La cohorte repart comme elle est venue.
     
                                                                  * -- * -- *
     

    Toute ressemblance de cette histoire avec la réalité serait fortuite!

     

     

















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  • Commentaires

    1
    scolopax
    Mardi 26 Juin 2012 à 11:53

    vous ne manquez certes pas d'humour,

     

    mais êtes vous sur d'avoir bien retranscrit la vérité de ce qui s'est dit  dans la conversation que vous publiez....ha le virtuel....on peut raconter ce que l'on veut quand on ne parle pas droit dans les yeux.......

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    2
    sus scofa
    Mardi 26 Juin 2012 à 14:14

    vous partez en croisade ? es ce la meilleure solution? je crois que vous devriez privilègier les dialogues et les contacts avec les autres acteurs locaux. Le jusqu au boutisme ne mène à rien , et vous savez trés bien que la population de sanglier restera nombreuse en ardeche au vu de la déprise agricole, du peu d'entretien des forêts par leur propriétaire et du vieillissement des chasseurs.

    a moins de favoriser le retour des grands prédateurs.....mais vos collègues bergers seront contre....puis pour pièger et tirer la nuit il faut avoir le temps ce qui semble vous manquer....alors que proposez vous ?

    3
    Alexandre Faure Profil de Alexandre Faure
    Jeudi 28 Juin 2012 à 22:09

     

    Bonjour scolopax,

     

    Je n'est pas prétendu raconter des faits qui se sont réellement passés. En revanche vous vous le faites. Et d'après vos dires vous avait été bien informé de ces faits. Voire vous y avez participez. Vous avez raison, le virtuel permet de dire des choses que l'on ne dirait pas forcément à visage découvert. Certainement allez vous nous dire votre nom et quel rôle vous avez joué dans les faits dont vous faites allusion.

     

    4
    Alexandre Faure Profil de Alexandre Faure
    Vendredi 29 Juin 2012 à 23:54

     

    Bonjour sus scofa,

     

    En croisade contre qui? Quand il s'agit de se battre pour ne pas laisser le fruit de son travail se faire saccager, je crois que ça vaut le coup d'aller jusqu'au bout. D'ailleurs a t on un autre choix? L'État a confié aux chasseurs la gestion du sanglier. Depuis 20 ans que cela dure on peut dire aujourd'hui que les chasseurs ont beau faire le maximum ils ne parviennent pas à gérer cette espèce. Les agriculteurs sont obligés d'engager des sommes importantes pour se protéger. Et comme vous le dites cela ne pourra qu'empirer avec le vieillissement des chasseurs. Il est donc temps de passer à autre chose. L'État doit assumer ses responsabilités et mettre en œuvre des moyens de destruction complémentaires à la chasse. Les moyens qu'il emploie aujourd'hui sont très proches des méthodes de la chasse : tirs d'affût, battues administratives avec les équipes locales. Il doit mette en œuvre d'autres moyens tels que les battues administratives de grande ampleur avec recrutement de chasseurs extérieurs, les tirs de nuit sur agrainage avec silencieux, le piégeage dans les passages (collets a arrêtoir, nasses, cages). Ces moyens ne sont pas miraculeux mais il est incompréhensible et inacceptable que l'État ne les emploie pas. Voire les interdise dans sa réglementation (piégeage). Évidemment ces moyens ne doivent pas être mis en œuvre par les agriculteurs eux même mais par les agents de l'Etat. Pour cela il faut des moyens. Plusieurs pistes sont possibles. L'instauration d'une taxe sur les terres en friche. Elle aurait le double avantage de financer le service et de réduire les zones de refuge du sanglier. Il serait également envisageable de mettre en place un financement par la profession agricole elle-même. Cette formule aurait le grand avantage d'instaurer une obligation de résultats pour l'Etat. Nombre d'agriculteurs serait aujourd'hui prêts à payer pour être débarrassé de ce fléau et avoir la garantie de pouvoir travailler normalement.

     

    5
    sus scrofa
    Lundi 2 Juillet 2012 à 15:35

    bonjour monsieur Faure,

    les moyens de l'état sont limités, la chasse au fonctionnaire durant les mandats présidentiel précédent ont décimés leur rang. cependant vous évoquez des pistes qui  probablement verront le jour dans les années prochaines car il n'y aura pas d'autre solution.

    la chasse de nuit existe déjà en alsace avec une ouverture du sanglier au 30 avril.

    le piégeage par collet me parait délicat car pas assz sélectif, les cages pièges le sont davantages car elles prennent l'animal vivant.

    Il  y a encore de l'espoir du côté des chasseurs sur les acca qui jouent le jeu, l'autre problème émergeant, c'est la cassure entre les agriculteurs et une partie des chasseurs qui ne vivent pas au pays et qui ne viennent que pour chasser. Ils ne vivent pas au quotidien les conflits, les poses de clôture électrique, les appels téléphoniqes durant l'été, l'entretien et les frais vétérinaire sur les meutes de chiens, puis chasser 6 mois sur 12, 3 jours par semaine, c'est intenable pour un chasseur , sa famille et ses proches.

    alors oui il faudra probablement repenser les textes qui régissent la chassse au sanglier, mais ne tirez pas sur l'ambulance, car malgrés tout cela , il est des chasseurs qui se décarcassent au quotidien et croient toujours en des relations normales et amicales avec les agriculteurs.

    Il faut juste un peu plus de modération et de tolérance de la part des uns et des autres pour nous trouvions ensemble les solutions.

    Qu' en pensez vous ?

    6
    Alexandre Faure Profil de Alexandre Faure
    Vendredi 28 Septembre 2012 à 23:01

    à l'attention de sus scrofa

    Bonjour,
    Vous ne m'avez pas précisé contre qui je partirais en croisade et vous me dites maintenant qu'il ne faut pas que je tire sur l'ambulance. De quoi s'agit il? Avez vous le sentiment que je m'en prends à la chasse ou aux chasseurs? L'ai je fait à un seul endroit dans ce blog?
    Auparavant la chasse en milieu rural était pratiquée de manière largement majoritaire par les agriculteurs qui, tout en exerçant un loisir, régulaient ainsi les espèces de grand gibier pour protéger leur travail. Cela voulait dire que les populations étaient maintenues à des niveaux le plus bas possible. Aujourd'hui cela a changé. Les agriculteurs dépensent énormément d'énergie dans leur travail et ne trouvent plus de plaisir à la chasse pendant leur jour de repos qui se résume souvent au dimanche voire moins. Les chasseurs ne sont donc plus aujourd'hui majoritairement agriculteurs et certains sont extérieurs au territoire sur lequel ils chassent comme vous le précisez. En parallèle de l'exercice de leur loisir l'État leurs confie la bonne gestion des populations de grand gibier afin qu'elles ne présentent pas de nuisances aux autres usages. Alors que les agriculteurs-chasseurs d'avant agissaient pour leur seul intérêt, les chasseurs aujourd'hui exercent une véritable mission de service public avec pour seule "rémunération" l'exercice de leur loisir.
    Je refuse de penser que la solution sur la question du sanglier passerait par une négociation ou une concertation entre le monde de la chasse et le monde agricole. Cela serait avilissant pour les deux parties. Pour le monde agricole cela s'apparenterait à une profonde injustice ou le  travail est placé au même niveau que le loisir. Pour le monde de la chasse cela signifierait que les chasseurs ne feraient pas le maximum et donc qu'ils ne respecteraient pas le travail des autres. La position de l'État qui consiste a laisser négocier le monde de la chasse et le monde agricole et se contenter de compter les points est irresponsable.
    Si je parts en "croisade" ou si je "tire sur l'ambulance" aujourd'hui c'est bien contre les élus nationaux qui n'ont pas le sens des responsabilités et contre la représentation de l'État  qui ne prends pas la mesure de l'écœurement d'une partie des citoyens et qui se contente d'une gestion minimaliste du problème.
    Très sincèrement, je crois que nous sommes d'accord sur le fond. Notamment sur le vrai dévouement de la majorité des chasseurs. Apparemment nous nous rejoignons également sur des pistes de résolution. Vous évoquez la mise en œuvre de ces pistes dans un futur plus ou moins lointain. C'est peut être le seul point sur lequel nous ne nous rejoignons pas car je pense que c'est dès aujourd'hui qu'il faut réfléchir a de vraies solutions avant que la baisse du nombre de chasseurs et la déprise agricole n'accentuent de manière dramatique le problème.

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